L’étrange histoire d’un lion qui épousa une brebis – Conte Africain du Mali
Un jour, le lion quitta la savane et vint en ville, où il épousa une brebis qu’il emmena dans la forêt avec lui. Tous les animaux célébrèrent l’événement avec faste et la nouvelle se répandit rapidement comme un feu de brousse.
- Un lion qui épouse une brebis ! Quel scandale et quelle honte ! disaient les animaux. Face à ces critiques faites à voix basse, le lion répondait fort :
- je confirme mon choix, j’aime beaucoup ma femme brebis.”
Cependant, seule l’hyène, profondément choquée, réfléchissait :
- Malgré ce que l’on peut penser de moi, je vais tout de même prouver que les qualificatifs de “lâche” et de “poltron” qui me sont attribués ne sont que de purs mensonges et de viles médisances. Elle vint trouver le lion chez lui à la tombée du jour.
Majesté Lion, déclara-t-elle, il est évident pour tout le monde que vous êtes le plus respecté et le plus majestueux de tous les animaux sur terre, mais vous avez épousé une sorte de personne stupide qui ne lève jamais les yeux même vers le ciel qui l’a accueillie. Vraiment, vous ne méritez pas une telle épouse ! Vous faites ternir votre nom. Mangons-la donc et laissez-moi vous chercher une femme digne de votre grandeur !
- Je ne mangerai pas ma femme car je l’aime, et je demande que vous ne poursuiviez pas de telles paroles ! L’hyène partit tout honteuse.
La nuit d’après, l’hyène est revenue en courant rapidement, à grands pas.
- Ah ! Ah ! Majesté ! Avez-vous appris ce que j’ai appris ?
- Quoi donc ? demanda le lion.
- Il semble que lorsque la pluie touche la peau des brebis, il y a une maladie appelée la gale qui leur enlève tous les poils, jusqu’aux oreilles et aux pattes. Elle leur tanne la peau jusqu’à la chair rouge, une sorte de lèpre. Et ce mal s’attaque immédiatement à son conjoint, causant les mêmes maux. Vous vous voyez sans crinière et sans cils, sans pelage et sans queue, la peau tannée jusqu’à la chair comme un poulet plumé, avec des mouches partout ?
- Oh, dit le lion en s’exclamant ! Bien sûr, Hyène, maintenant que j’y pense, je réalise que ce n’est vraiment pas ma compagne. Il nous faudra donc, absolument ce soir, la dévorer par tous les moyens possibles. L’hyène, satisfaite, partit.
Ce soir-là, la brebis n’était pas consciente du danger qui la guettait. Quand elle rentra chez elle, une vieille femme la vit et lui dit: “Brebis, sois vigilante, car l’hyène qui est chez toi et que tu honores en secret veut en réalité te nuire. Aujourd’hui, elle a réussi à convaincre le lion de te dévorer. Ne retourne pas chez eux, car ils t’attendent tous les deux pour te déchiqueter. Viens plutôt avec moi, je vais te proposer un stratagème qui te sauvera. Je suis vieille et j’ai beaucoup d’expérience.” La vieille femme donna à la brebis une petite gourde remplie de miel et lui confia un secret. La brebis poursuivit son chemin en toute confiance.
Elle entra, salua et sauta par-dessus les jambes du lion étendues. Le lion, choqué, s’exclama: “Comment oses-tu ? C’est un manque total de respect ! Pourquoi as-tu fait ça ?” La brebis s’excusa: “Pardonne-moi, mon cher époux. Seul Dieu sait que ce n’était pas intentionnel.” Mais l’hyène intervint : “Non, ce n’est pas bien. Le fait qu’une femme saute par-dessus un homme est un mauvais présage. Nous avons vu hier un homme mourir juste après que sa femme ait fait cela.” Et ainsi, le pauvre lion décéda peu de temps après.
- Oh, s’exclama le lion en sautant sur sa femme. Mais avant que ses pattes ne touchent le sol, la brebis avait le temps de jeter la petite jarre de miel que la vieille femme lui avait donnée dans la gueule du lion. Le lion s’assit sur son arrière en soupirant de plaisir :
- Dis-moi, ma chère épouse, où as-tu trouvé ce breuvage délicieux ?
- Il y a dans la forêt voisine, des lions comme toi qui ont rassemblé toutes les hyènes pour presser leurs ventres afin de faire sortir ce liquide par leurs derrières. Sache que c’est du miel et que chaque hyène en a le ventre rempli.
- Hyène, tu me caches des merveilles ! Je jure que tu ne garderas pas la jarre de miel que tu caches !
Le lion attrapa l’hyène, la souleva à bout de bras et la jeta violemment au sol en exerçant une forte pression sur son ventre. Il n’en sortit évidemment pas de miel, mais plutôt des excréments dégoûtants, des morceaux d’os et même des graines de goyave et des noyaux de mangue. Le lion dévora l’hyène. Ainsi finissent tous les rapporteurs.