L’homme le plus avare du village

Il était une fois, dans un petit village pittoresque niché au cœur des montagnes, un homme extrêmement riche. Son nom, connu de tous, était M’bibizo, ce qui signifie “l’homme avare” dans le dialecte local. Ce surnom, il l’avait acquis non seulement à cause de son immense fortune, mais surtout à cause de son caractère avare, un trait de personnalité si prononcé que tous les habitants des alentours en parlaient souvent entre eux.

M’bibizo était un homme solitaire. Bien qu’il possédât des richesses incalculables, il vivait seul dans une grande maison. Il n’avait ni femme, ni enfants, ni même d’employés pour l’aider dans ses tâches quotidiennes. Il accomplissait lui-même tous les travaux domestiques, par pure fierté de ne rien dépenser inutilement. M’bibizo refusait catégoriquement de partager ses biens ou de faire preuve de la moindre générosité. Même lorsqu’il s’agissait de donner une simple poignée de main, M’bibizo éprouvait une réticence profonde.

Un beau matin d’été, alors que le soleil baignait le village de ses rayons dorés, M’bibizo entreprit de nettoyer sa cour. Il balayait avec une vigueur peu commune, murmurant des calculs à propos de ses économies, lorsqu’il s’approcha trop près d’un vieux puits oublié. Avant qu’il ne puisse réagir, le sol céda sous ses pieds, et M’bibizo se retrouva précipité dans le puits, un cri de surprise étouffé par la profondeur du gouffre.

À l’intérieur du puits, l’obscurité était totale. M’bibizo, malgré sa douleur et son désespoir, ne perdait pas de vue l’unique pensée qui le hantait toujours : ses richesses. Mais la réalité de sa situation s’imposa rapidement à lui. Il était seul, incapable de sortir de ce piège sans aide. Alors, avec une grande réticence et une voix tremblante, il poussa un cri d’appel au secours :

– À l’aide, à l’aide ! ! ! hurlait-il de toutes ses forces.

Le voisin le plus proche, un homme de cœur du nom de Kofi, entendit l’appel désespéré. Sans hésiter, Kofi se précipita vers le puits et vit M’bibizo au fond, ses yeux pleins de peur.

– M’bibizo ! cria Kofi. Donne-moi ta main, que je te sorte de là !

Mais pour M’bibizo, donner quoi que ce soit, même sa main pour être sauvé, était contre sa nature. Son avarice le paralysait. Kofi, voyant l’hésitation de M’bibizo, insista avec bienveillance :

– Allez, M’bibizo, donne-moi ta main !

Mais rien n’y faisait. L’avare M’bibizo restait figé, incapable de dépasser sa nature même dans une situation si critique. Ce fut seulement après de longues minutes de supplications que M’bibizo, épuisé et à bout de forces, consentit enfin à tendre sa main vers son voisin.

Hélas, ce délai fut fatal. La force qui lui restait s’était déjà épuisée. Juste au moment où Kofi attrapa sa main, M’bibizo perdit connaissance et sa poigne faiblit. Malgré les efforts héroïques de Kofi pour le remonter, il était trop tard. M’bibizo, l’homme le plus riche et le plus avare du village, succomba à ses blessures.

La nouvelle de la mort de M’bibizo se répandit rapidement dans le village. Les villageois se réunirent, consternés par cette tragédie. Les sages, reconnus pour leur sagesse et leur capacité à tirer des leçons de la vie, prirent la parole lors des funérailles. Ils conclurent avec gravité que ce n’était pas le puits qui avait tué M’bibizo, mais bien son avarice.

L’histoire de M’bibizo devint une leçon mémorable pour tous les habitants du village et au-delà. Elle était racontée de génération en génération, rappelant à chacun que la richesse véritable ne se trouve pas dans l’accumulation des biens matériels, mais dans la générosité et la capacité à tendre la main, littéralement et figurativement, à ceux qui en ont besoin.

Ainsi, le village apprit à vivre avec plus de compassion, et l’avarice de M’bibizo devint un avertissement éternel contre les dangers de l’égoïsme.

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